Des enjeux éducatifs
Des enjeux éducatifs sous-tendent donc l'apprentissage de l'oral : l'enseignant permet à l'élève de comprendre "ce que parler veut dire", en référence à Bourdieu; il s'agit mettre du sens à la langue de l'école.
Or les enseignants ne perçoivent pas toujours les inégalités qui existent dans leur classe quant aux possibilités, aux capacités qu’ont les élèves d’accéder à un pouvoir s’exprimer à l’oral dans le cadre d'apprentissages scolaires.
Un déficit lexical, syntaxique, culturel à l'oral entraîne de profondes inégalités sociales que l'école doit prendre en charge et peut accompagner.
L'enseignant a la responsabilité de créer des situations d'apprentissages disciplinaires et/ou transdisciplinaires qui mettent l'élève en situation de transformer ses usages langagiers initiaux pour les rapprocher d'un oral "second", celui de la discipline enseigné, celui de l'école.
A vous de jouer : comment passer d'un oral de communication à un oral d'apprentissage et de construction des savoirs ?
Regardez cette captation de dictée coopérative en cycle 2.
Lieu : Ecole d'application La Gazelle | Année : 2004 (2'41min)
=> Visionnez la vidéo.
=> Trouvez dans cette séquence, deux objectifs d'apprentissage que l'oral permet de travailler.
Comme vous l'observez l'oral doit, pour être efficient dans les apprentissages, habiletés et compétences des élèves passer d'un oral de communication à un oral d'apprentissage.
Voici un exemple de pratique "La dictée négociée" qui met les élèves en interaction orale sur le mode de la coopération et qui place la pratique de l'oral au centre des apprentissages.
Ici, on pourra parler d'un oral intégré car ce sont les tâches langagières qui organisent et structurent les séquences.
Réponse sur l'activité de la dictée négociée :
En quoi le travail de/à l' oral dans la dictée négociée vient-il renforcer les compétences langagières et rédactionnelles des élèves ?
L'exercice de la dictée négociée permet aux élèves de questionner la langue à l'oral. Ils sont confrontés au doute, au besoin d'expliquer et d'expliciter les choix orthographiques opérés. L'élève doit convaincre les autres de la légitimité de son choix. Cela passe nécessairement par une expertise technique et un lexique spécifique à la compétence travaillée : les accords, la graphie des morphèmes.
- L'étape 4 permet à l'élève de questionner la langue pour confronter ses choix dans l'étape 5 à ceux des autres élèves du groupe.
- L'étape 7 permet la synthèse et l’institutionnalisation des savoirs pour l'ensemble de la classe.
- Deux objectifs disciplinaires en français sont visés par l'activité : être capable d'exprimer un raisonnement orthographique et faire appel à des manipulations pour vérifier l'orthographe du mot.
On peut dupliquer cette pratique à chaque discipline : en contexte scolaire, les élèves répondent aux demandes de l’enseignant.e en expliquant, en commentant, en répondant ou en argumentant, en empruntant des chemins de pensée se manifestant par des conduites discursives. L’enjeu pour l’enseignant.e est d’identifier les conduites à l’œuvre (comme l’exemplification, la démonstration, la récapitulation, la reformulation, etc.) dans la construction des savoirs dans chaque situation.
L'activité nécessite une connaissance fine de la part de l'enseignant sur la nature des interactions orales convoquées par le scénario pédagogique qu'il propose.
Pour aller plus loin :
Et si l’oral pouvait permettre de réduire les inégalités ?, Article d’Élisabeth Bautier - Université Paris 8 - Équipe Circeft Escol
Déconstruire les malentendus pour réduire les inégalités d'apprentissages, une conférence de Patrick Rayou et d'Elisabeth Bautier.
Nos élèves réalisent des tâches mais accèdent-ils réellement aux savoirs attendus et évalués ? C'est la question posée à Patrick Rayou et Elisabeth Bautier pour tenter d'identifier les malentendus qui jalonnent nos pratiques pédagogiques.